Wednesday 18 February 2015

Grand Témoin : Robert Burrow



Knight Frank : Chelsfield est arrivé sur le marché français par la grande porte en 2014. Vous avez en effet réalisé l'acquisition, avec Olayan Group, d'un portefeuille de neuf actifs parisiens pour un peu plus de 1,2 milliard d'euros. Pourquoi avoir choisi ce moment pour investir sur le marché français, compte tenu du climat défavorable qui règne actuellement sur l’économie française ? A contrario, comment expliquer cette absence prolongée sur ce marché ?
Robert Burrow : Malgré les remous de la vie politique et économique, Paris sera toujours Paris ! Mon associé et Co-Président, Elliott Bernerd, et moi avons suivi l’évolution de ce portefeuille et de ses principaux actifs depuis près de trente ans. Chelsfield/TOG a pu saisir une opportunité unique sur le marché de s’implanter dans le Triangle d’Or en rachetant un portefeuille de neuf immeubles, tous très bien situés, et avec un potentiel de création de valeur significatif. Nous considérons ce portefeuille et la gestion de ces actifs comme un investissement sur le long terme plutôt que sur le court terme. L’environnement économique en France reste globalement moyen mais le secteur sur lequel nous nous sommes positionnés est celui de l’immobilier haut‑de-gamme (résidentiel, commerce et bureaux) et nous pensons qu’il devrait s’apprécier avec le temps compte tenu de la rareté des produits de qualité.

KF : Quelle place occupe Paris parmi les autres grandes villes du monde ? Offre-t-elle quelque chose d’unique ?
R. B. : Il n’y a qu’une Avenue des Champs-Élysées et qu’une Avenue Montaigne. Et ces adresses font rêver le monde entier.
Depuis près de trente ans, nous travaillons et investissons avec le Groupe Olayan ainsi qu’avec d’autres partenaires internationaux qui sont non seulement intéressés par nos projets parisiens mais qui sont aussi, potentiellement, nos clients de demain.
Chelsfield Londres a développé des produits très haut‑de-gamme qui n’existent pas encore sur le marché résidentiel parisien et que nous avons l’intention de proposer prochainement à nos clients internationaux à Paris.

KF : Le marché locatif parisien est devenu un marché de renouvellement au cours des dernières années, reposant beaucoup sur la rotation des entreprises. La recherche de rationalité et d'efficacité ainsi que les gains d'image sont les principaux moteurs des décisions immobilières des entreprises. Cela concourt à renforcer la concurrence entre immeubles et à accélérer leur obsolescence. Comment les investisseurs peuvent-ils concilier tous ces facteurs au sein de leur stratégie ?
R. B. : Il faut sans relâche innover et rechercher des moyens de différenciation. Notre présence sur plusieurs marchés nous permet d’envisager d’appliquer certaines "best practices" d’un pays à l’autre. Prenons, par exemple, les immeubles de bureaux à New York : ils ont développé un savoir-faire unique sur l’aménagement des espaces communs, des halls d’accueil, ainsi que la création de services à la personne. Il y a là-bas de très bonnes idées à adapter au marché français. Afin de faciliter la commercialisation des immeubles, il est devenu indispensable, pour faire la différence, de proposer des plans et aménagements innovants adaptés aux goûts et aspirations de nos clients. A ces fins, notre groupe va travailler avec Tara Bernerd, notre Creative Director.

"La mondialisation entraîne une certaine uniformisation des modes de consommation et c’est d’autant plus vrai sur le marché du luxe ou du haut de gamme immobilier."

KF : Vos biens immobiliers se situent dans les plus grandes villes européennes. 
Y observez‑vous des tendances ou évolutions appelées à se diffuser en France et à y influencer l’immobilier commercial ?
R. B. : La mondialisation entraîne une certaine uniformisation des modes de consommation et c’est d’autant plus vrai sur le marché du luxe ou du haut‑de‑gamme immobilier.
Les grandes sociétés internationales, leurs cadres et dirigeants aiment se retrouver dans un environnement familier. Regardez ce qui se fait en matière d’hôtellerie : des standards internationaux ont émergé. Il en sera certainement de même pour le résidentiel et les bureaux haut-de-gamme.

KF : L’année 2014 a été marquée par l’arrivée de nouveaux investisseurs sur le marché de l’immobilier commercial. Comment expliquer cette tendance compte tenu de l’image peu attractive de l’économie française à l’heure actuelle ?
R. B. : La France ne se résume pas à son environnement économique à court terme. Comme une partie de l’Europe, la France fait face à des difficultés mais ses atouts n’ont pas disparu pour autant. La France est un acteur économique international et elle reste la première destination touristique mondiale. La France n’est pas le seul pays d’Europe ou du monde à souffrir du climat économique global mais sa population et son économie montrent des signes de résistance. Nous sommes confiants quant à sa reprise économique et sommes convaincus de l’importance de son rôle dynamique au sein de l’Union Européenne. Nous sommes très contents d’y investir.

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