Wednesday 18 February 2015

Les grands sont à la mode : Chérie, j’ai agrandi les magasins

Paris est une ville dense. L’espace y est rare et il est cher. Contrecoup logique, la parcellisation est poussée à l’extrême. Ce qui frappe souvent le visiteur venant d’endroits où l’espace est généreux, c’est que, dans cette ville, tout est petit. Les trottoirs sont étroits, les restaurants lilliputiens, les appartements nains. Haussmann a bien un peu corrigé tout ça mais l’impression demeure.
Les commerces n’y échappent pas : la superficie moyenne d’une boutique parisienne est ainsi estimée à 65 m² [9].
65 m² de moyenne ! A peine un carré de 8 mètres sur 8 mètres… C’est dire l’exiguïté des lieux et la difficulté potentielle d’y développer certains concepts. Les emplacements offrant une surface supérieure à 1 000 m² ne seraient ainsi qu’au nombre de 300 à Paris [10].

Une des spécificités de l’année 2014 sur le marché des commerces n’en ressort que plus clairement au vu de cet environnement. 2014 a en effet été l’année des grandes cellules commerciales. Nous recensons ainsi neuf transactions de plus de 1 000 m² sur l’ensemble de l’année, soit près de 3% du nombre total d’emplacements existants sur ce segment. Lors de l’année 2013, il n’y avait eu que quatre transactions similaires.

En 2014, une proportion inédite de boutiques de plus de 1 000 m² a changé de mains. Ce segment connaît un réel renouveau.

Deux transactions ont même porté sur une surface de 10 000 m² ou les ont frôlés. Leroy Merlin reprend ainsi l’ancien magasin Surcouf de l’avenue Daumesnil, dans le 12ème arrondissement. Mais la plus médiatique et la plus emblématique de ces transactions, c’est bien sûr l’arrivée des Galeries Lafayette sur les 9 300 m² autrefois occupés par le megastore de Virgin sur les Champs‑Élysées.

Alors, feu de paille ou réveil plus durable ?
La demande des enseignes est indiscutablement là. Le phénomène est toutefois bridé par le faible nombre d’opportunités d’implantation, ce qui le condamne à rester un segment réduit à l’échelle du marché. Il est néanmoins à parier que 2015 s’inscrira dans la lignée de 2014. À une différence près : les enseignes se verront offrir des surfaces inédites, créées pour l’occasion. Parmi ces créations, il y a les espaces commerciaux proposés dans l’ancien entrepôt Macdonald, en cours de restructuration et qui constituera bientôt l’élément central d’un nouveau quartier parisien en gestation dans le 19ème arrondissement. Décathlon regarderait de près l’opportunité de s’y installer sur 5 000 m².
À proximité, les 24 000 m² de Vill’Up vont ouvrir d’ici quelques semaines au cœur de la Cité des sciences et de l’industrie. Ce nouveau pôle commercial et évènementiel est d’ores et déjà largement rempli. Mais a priori, la cellule de 3 000 m², initialement dédiée à une grande enseigne culturelle, reste à commercialiser.
Le cœur de Paris ne manquera pas d’opportunités non plus, notamment avec l’extension-rénovation du Forum des Halles.
Décidément oui, 2015 devrait confirmer le réveil des locations de grandes boutiques. Un réveil qui augure bien de la confiance qu’ont les grandes enseignes dans le potentiel et le devenir du tissu commercial parisien.

[9 ] D’après les chiffres de l’APUR, « L’évolution des commerces à Paris – Inventaire des commerces 2011 et évolutions 2007-2011 »
[10] APUR, op.cit.

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